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Située en plein centre historique de Rouen, Ste-Croix-des-Pelletiers est un lieu inspirant qui, siècle après siècle, n’a cessé de se réinventer. Marquée par les époques qu’elle a traversées, l’église a vu défiler différents protagonistes. Artisans pelletiers, ecclésiastiques, écrivains public, riches marchands puis artistes venus du monde entier ont tour à tour contribué à façonner ce site chargé d’histoire.
À partir de 1951, la Ville de Rouen prend possession du lieu et y organise des conférences, des concerts classiques, jazz ou encore rock qui permirent à tant de Rouennais·es de redécouvrir et renouveler la mémoire d’une ville ouverte sur le monde.
Souhaitant faire de ce site un lieu de culture, de débats et d’échanges, La NEF prolongera naturellement le caractère de cette salle fréquentée, animée et aimée des publics rouennais.
Un lieu de vie et de passage
Bien que Ste-Croix-des-Pelletiers soit située à l'extérieur de l’enceinte de la ville jusqu’au XIIᵉ siècle, l’urbanisation du quartier est néanmoins avérée dès l'Antiquité.
Au Moyen Âge, le commerce et les échanges se développent dans le quartier grâce aux pelletiers, fourreurs-tanneurs marchands de peaux animales. Ce corps de métier fait tant prospérer le quartier du Vieux-Marché que la rue finit par porter leur nom. Ste-Croix-des-Pelletiers, alors simple chapelle, devient le lieu de culte de ces confréries d’artisans.
Il faut attendre la Renaissance pour que l’église prenne l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui. Rouen est alors en plein âge d’or : c’est une cité internationale tournée vers le Nouveau Monde, la seconde du Royaume de France. Dans ce contexte, elle est frappée de plein fouet par les guerres de religion, qui conduisent au pillage de Ste-Croix-des-Pelletiers par les Huguenots.
Après la Révolution française, le quartier connaît d’importantes transformations. Ses cinq églises, dont Ste-Croix, sont désacralisées puis vendues à des citoyens qui les convertissent en commerces ou en entrepôts. En arpentant aujourd’hui la rue, les visiteurs ne peuvent qu’être frappés par la richesse et la diversité de son architecture. Elle compte parmi ces rues qui ont forgé l’image de la ville de Rouen grâce à son Histoire millénaire.
De la chapelle à l’église paroissiale…
C’est au cours du Xᵉ siècle que se construit, près des remparts du castrum (allant de la rue des Bons-Enfants à la rue des Fossés Louis VIII), la chapelle “Notre-Dame”. Elle est édifiée pour la famille du comte de Clères qui possède une résidence à proximité. En 1060, le patronage de la chapelle est confié à l’abbaye Saint-Ouen de Rouen. À partir du XIIIᵉ siècle, la chapelle prend le nom de “Sainte-Croix” en référence au culte des reliques du Christ.
L’église que nous pouvons observer aujourd’hui est le prolongement de la chapelle, peu à peu agrandie à partir du XVᵉ siècle. En 1533, elle est d’abord prolongée par un chœur polygonal encadré de chapelles. Cette même année, l’église obtient le titre d’église paroissiale par Jean de la Massonnaye.
Au XVIIᵉ siècle, de nombreux embellissements transforment l’église et un total de six chapelles sont aménagées autour du chœur. Celle du « Verbe Incarné » aurait accueilli un tableau de la Vierge des Amériques, Notre-Dame de Guadalupe, peint par un certain Delos Angelos, natif de la Nouvelle-Espagne (actuel Mexique).
En 1663, la fontaine, dont on peut encore admirer les vestiges, est bâtie à la demande des paroissiens. Au XVIIIᵉ siècle, le cimetière attenant à l’église est détruit, probablement en raison de sa vétusté. Il laisse place à des habitations en colombage, traditionnelles de la ville de Rouen.
…à l'usage laïc d'un lieu patrimonial d'exception
Pendant la Révolution, l’église Sainte-Croix-des-Pelletiers, comme vingt-trois autres églises rouennaises, est désacralisée. Le 14 novembre 1792, l’église et les maisons attenantes sont vendues pour un total de 53 000 livres. À partir de 1901, Ste-Croix-des-Pelletiers est utilisée en tant que magasin, entrepôt et chai à vin par les distillateurs Lemirre et Reiss.
En 1928, elle est inscrite aux Monuments Historiques avant d’être rachetée en 1941 par Jules Jacqueline, imprimeur et mécène de la ville. Après rénovations, l’église devient la salle de spectacle et de conférence et est rachetée dix ans plus tard par la Ville de Rouen.
Des groupes de jazz ou de rock légendaires tels que Art Blakey and the Jazz Messengers ou encore Scorpions s’y produisent. Le groupe The Clash, de passage à Rouen, a d’ailleurs envisagé cette salle pour leur premier concert en France avant d’opter pour le Studio 44 (devenu l’Exo 7).
Avant sa fermeture en 2015, la salle municipale voit divers évènements. C’est ici qu’a lieu, en 1980, le dernier concert d’Olivensteins, groupe punk emblématique rouennais. Entre 1971 et 2001, le collectif Rouen Jazz Action y programme des artistes venus du monde entier. À partir de 2010, la ville de Rouen choisit de proposer exclusivement des concerts acoustiques, principalement de musique classique.
Plus de dix ans après, à la suite de deux appels à projets, la ville décide de confier les clés à l'association "Réenchantons Ste-Croix !", dont le projet La NEF espère écrire une nouvelle page de son Histoire…
Les pelletiers sont les artisans travaillant la peau à l’époque médiévale. Au moins depuis le XIᵉ siècle, de nombreux métiers du cuir et du textile étaient présents le long de la Renelle qui passait dans la rue des pelletiers. C’est d’ailleurs de là qu’elle tient son nom. Le commerce du cuir prospère jusqu’à la fin du XVIIᵉ siècle. Mais son industrie pose de graves problèmes de salubrité publique et, dès le XVIᵉ siècle, les habitant·es du quartier demandent son départ. Elle s’éteint au XIXᵉ siècle à Rouen pour s’implanter à Pont-Audemer. Reste notre église, dernier témoignage de ce passé dont le nom nous invite à nous souvenir des anciens…
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